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7 L’internet industriel d'aujourd’hui ressemble aux sites web d'il y a une dizaine d’années : à l'époque les entreprises créaient leur site sans idée précise quant à son usage ou ses applications. A l’instar du site web d'alors, l’internet industriel aussi appelé « l’internet des objets », ne sera bientôt plus considéré comme un gadget. « Fini le matériel purement informatique ; la plupart des objets sera dotée de composants informatiques », anticipe le Dr. Martti Mäntylä, professeur en Technologies de l’information à l’université Aalto, tout récemment élu au conseil d'administration Ensto, « intégrer de l’intelligence informatique dans les objets plastiques ou métalliques, en les équipant d'une partie numérique, deviendra alors très intéressant. » Directement connectés sur le Net, les produits (ceux d'Ensto inclus), seront en capacité d'envoyer et de recevoir de l’information. « Une partie de la fonctionnalité du produit se fera via le « cloud » (l’informatique dématérialisée)», ajoute Martti Mäntylä « et l’accès permanent à l’actualisation des logiciels rendra le comportement de l'objet facilement modifiable. » Certaines entreprises sauront en tirer un formidable profit, tandis que d'autres s'éteindront. La science de l'informatique rencontre l'ingénierie L'expertise de Martti Mäntylä couvre une large palette de compétences : depuis les applications industrielles des méthodes informatiques, en passant par les processus de fabrication, la gestion de données en ingénierie, les interfaces utilisateur et leur interaction, la construction de savoirs en ITC et de communautés innovantes, jusqu’ à son tout dernier intérêt pour les ITC et la numérisation de l’industrie. « Je suis un agent double », déclare-t-il, « pour l’informatique et pour la numérisation de l’industrie. » Les missions les plus visibles d’un membre du conseil d'administration consistent à participer aux réunions, à contribuer au développement des stratégies et à gérer les investissements majeurs. Au sujet de ces tâches Martti Mäntylä précise que : « la responsabilité endossée par le Comité n'est que le partie émergée de l’iceberg » . Grâce à son parcours, il est en mesure de se positionner correctement, de poser les questions clés et d’identifier les opportunités. Le problème de la fabrication Selon Martti Mäntylä, dans l’industrie, on a tendance, à reproduire sans cesse les mêmes erreurs. Et l'arrivée de l’internet n'a pas changé grand-chose : la fabrication souffre toujours des mêmes maux. « Dans les années 80-90, en parlant avec un dessinateur je pouvais lui proposer d'aller voir les machines ; souvent il avouait ne l'avoir jamais fait avant. Nous étions face à un problème de fragmentation, de fossés creusés entre les différentes fonctions de l'entreprise. « Les dessinateurs conçoivent parfois sans appréhender la réalité de la fabrication. Les dessins techniques élaborés par le bureau d'études sont ensuite interprétés par le bureau des méthodes, de manière plus ou moins juste ; un processus susceptible de générer des erreurs qu'il s'agira de corriger plus tard, engendrant ainsi des coûts supplémentaires. « Pour pallier à cette difficulté, il faut travailler au rapprochement des services, et dans ce cadre, la numérisation a son rôle à jouer. » La remarque de Martti Mäntylä indique que l'apparition de l'internet n'a pas forcément été source d'amélioration : « Les problèmes de management et de gestion des processus sont exacerbés par les données et la technologie dont nous disposons. Quant à une réelle application des ITC, nous en sommes encore aux balbutiements. » Maintenir l'équilibre Martti Mäntylä perçoit les ITC comme des outils utiles au processus et au maintien de l'équilibre : « Malgré l'usage généralisé des ordinateurs, depuis quelques années, l'industrie n'a pas encore trouvé son équilibre. » L'enjeu consiste à intégrer les ITC aux procédures humaines comme aux flux de données : « même si les entreprises ne fonctionnent pas seules, elles ont néanmoins à fournir une interface à leurs clients, leurs partenaires et au monde extérieur. Elles devraient se poser la question suivante : quelle interface de programmation proposons-nous au monde extérieur ? Nous sommes peu nombreux à connaître l'acronyme API, encore moins nombreux à en posséder une, pourtant on peut parier que, d'ici quelques années, nous aurons tous appris de quoi il s'agit. API signifie « Application Programming Interface », soit un ensemble normalisé de classes, de méthodes ou de fonctions destiné à créer des applications. L'API détermine la manière dont les composants informatiques sont supposés interagir. Martti Mäntylä pense que les êtres humains comme les organisations ont également besoin de cette intelligence, d'une feuille de route portant sur les processus de numérisation prenant en compte l'écosystème et les autres acteurs. Des résultats avant tout La notion de résultat est peu répandue parmi les universitaires, pourtant Martti Mäntylä est homme à apprécier les résultats concrets. Une fois déjà, ayant évalué un impact trop insuffisant, il a jeté à la corbeille son travail sur une application industrielle. « J'avais l’impression de créer des OEufs Fabergé – c’est fascinant mais tellement compliqué à mettre réellement en oeuvre ! Sa collaboration avec Ensto lui procurera sans doute un cas pratique idéal. Comment l’entreprise Ensto se porte-elle en ce moment ? Martti Mäntylä relève qu’il est déplacé de comparer les industries entre elles, mais il est sûr d’une chose : « Ensto pour exercer son métier, à savoir le transport d'énergie, va être complètement digitalisé. » On ne peut pas envisager de passer à une énergie durable sans une optimisation de la production et du stockage d'énergie, de même qu'une consommation plus intelligente. Malgré ses intuitions, Martti Mäntylä hésite à se prononcer plus avant sur une entreprise qu'il ne connaît pas encore totalement. « Un caractère familial, un esprit collectif, les employés d’Ensto sont fiers d'y travailler et adhèrent pleinement à ses valeurs. C'est généralement le cas dans les entreprises bien dirigées, ici c’est tout à fait perceptible. »


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